La toxicité des métaux lourds

Les seuils de toxicité des micropolluants minéraux (métaux lourds) ont étés définis selon une loi pseudo exponentielle dont voici la représentation graphique. Si le niveau 0 caractérise une eau parfaite, les différentes classes de qualité changent pour des concentrations normalisées selon la progression 1, 2, 6 et 12, comme on peut le constater sur la courbe ci-contre. On voit bien qu’une catégorie orange (pollution forte) correspond au minimum à un niveau de pollution 6 fois plus fort que celle du premier seuil d’alerte (pollution possible), la zone rouge est atteinte pour une pollution 12 fois plus forte.

Les métaux sont ensuite classés par toxicité. Si on prend en référence le mercure dont les concentrations tolérées sont actuellement les plus basses, on trouve ensuite le cadmium, l’arsenic, le chrome, le nickel, le plomb et enfin le zinc, avec des facteurs de toxicité relatifs donnés dans le tableau suivant:

Certains métaux font partie de la liste des « substances dangereuses prioritaire » (mercure, cadmium, plomb), dont la suppression est visée par la DCE. D’autres sont classés parmi les « substances prioritaires », ou « substances dangereuses » avec des effets toxiques plus ou moins prononcés, et sont également dans la série des toxiques à réduire. En tenant compte de ces différents rapports, on obtient un tableau donnant les seuils spécifiques des classes de toxicité, sous cette forme :

La consommation de poisson carnassier présente des risques non négligeables à cause des phénomènes de bioaccumulation, certains de ces métaux ont en effet la fâcheuse habitude de s'accumuler dans les tissus, et de n'être jamais rejetés. Les carnassier se situant au dernier maillon de la chaîne alimentaire (ou à l’avant dernier s’il vous prenait l’idée d’en faire votre plat préféré) jouent donc tout naturellement un rôle d'amplificateur de ces pollutions.

Voici quelques uns des effets bien sympathiques de ces différents métaux lourds sur la santé humaine:

Le mercure. Ce métal et ses composés sont très toxiques pour l’être humain, les écosystèmes et la nature. La pollution par le mercure, considérée au départ comme un problème local et aigu est désormais également perçue comme un mal planétaire, diffus et chronique. À fortes doses, il peut être mortel pour l’être humain, mais même à des doses relativement faibles il peut avoir de graves conséquences pour le développement neurologique et, ainsi qu’on a lieu de le supposer depuis peu, des effets toxiques sur le système cardiovasculaire, le système immunitaire et l'appareil reproducteur. Il entrave également l’activité microbiologique du sol. Le mercure est persistant et peut se transformer naturellement en méthylmercure, sa forme la plus toxique. Le méthylmercure traverse aisément la barrière placentaire et la barrière hémato-encéphalique, risquant de perturber le développement mental avant même la naissance. L’exposition des femmes en âge de procréer ainsi que des enfants suscite dès lors les plus grandes craintes.

Le Cadmium. L’oxyde de cadmium est classé cancérogène de catégorie 2 et les composés du cadmium en général sont classés comme toxiques par inhalation, par contact avec la peau et en cas d'ingestion, très toxiques pour les organismes aquatiques, peuvent entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique.

L’Arsenic. A concentration élevée, l'arsenic peut être toxique pour une vaste gamme d'organismes, incluant l'homme. Il peut également réduire la photosynthèse et le rendement des cultures chez les plantes, causer des malformations chez les amphibiens et entraîner cancer, cécité et malformations fœtales chez les mammifères.

Le Chrome. On lui attribue des propriétés cancérigènes et des effets sur l’appareil digestif.

Le Nickel. Citons simplement ses propriétés cancérigènes, allergènes, et les problèmes cardiaques qu’il peut entraîner.

Le Plomb. Le saturnisme désigne l'ensemble des manifestations de l'intoxication par le plomb. Les coliques de plomb sont les effets toxiques les plus connus du métal mais ses principaux organes cibles sont : le système nerveux, les reins et le sang. Il est responsable d'atteintes neurologiques et bloque plusieurs enzymes nécessaires à la synthèse de l'hémoglobine.

Le Zinc. C'est un métal un peu différent des "substances dangereuses prioritaires", et s'il n'y a pas d'études montrant un effet direct sur l'homme, on sait qu'il est dangereux pour la faune et la flore des rivières. Ainsi, une étude européenne assez ancienne indiquait déjà les doses à ne pas dépasser pour pratiquer des activités piscicoles (ces doses sont fortement dépendantes de la dureté de l'eau, mais on peut déjà constater des perturbation du milieu pour quelques dizaines de microgrammes de zinc par litre d'eau). Les effets sont particulièrement néfastes sur la truite arc-en-ciel et le vairon, et pour les insectes, il est rapidement létal pour les larves d'éphéméridés, c'est exactement ce qu'on constate dans la Reigne en aval de la Step.

Les personnes intéressées trouveront toutes les informations utiles sur le site de l'Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques (INERIS) http://www.ineris.fr/index.php?module=cms&action=getContent&id_heading_object=3

Une autre source d'information assez complète se trouve sur le site du Sénat http://www.senat.fr/rap/l00-261/l00-261.html

Enfin, une recommandation du ministère de la santé qui fait froid dans le dos, elle concerne les consommations maximales de poissons carnassiers préconisées pour les femmes enceintes et les jeunes enfants (le brochet de rivière en faisant partie, c'est bien le triste constat d'une pollution généralisée par les métaux lourds) http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/liste_poissons.pdf